Ai-je besoin de redire qu’attendre, c’est chiant ? Non ? Alors ca va.
Mais quand même, neuf mois !!! C’est long ! Surtout qu’au début, à part les désagréments (dont je parlerais dans un autre sujet), il ne se passe pas grand-chose. Les premières semaines surtout, pfiiiiooouu. Oh et puis la fin, encore pire, re-pfiiiiooouu…
On décompte la grossesse par trimestre. Au 1er, tout est normal (oui à part les désagréments !), notre corps ne change pas, on prend 1kg à tout casser histoire de dire que ce minuscule bébé déforme déjà notre corps alors qu’en fait on s’enfile une tablette de chocolat tous les soirs devant la télé. Il n’y a pas de visite médicale à proprement parlé, pas de mouvements sismiques internes, pas d’achats indispensables faisant criser votre banquier… Bref, il ne se passe pas grand-chose.
A part cogiter : fille, garçon, hamster ? Elodie, Alphonse, Babouche ? Brun, blond, roux ? Dormeur, sociable, sportif ? Et Attendre.
A part stresser : Aujourd’hui je vomis tout ce que je mange, est-ce normal ? Aujourd’hui je n’ai aucun symptômes, est-ce normal ? Aujourd’hui j’ai rêvé que j’accouchais d’un schtroumph est-ce normal ? Aujourd’hui j’ai mal au ventre, est-ce normal ? Aujourd’hui je suis fatiguée, est-ce normal ? Aujourd’hui je n’ai été faire pipi que 3 fois, est-ce normal ? Aujourd’hui mes cheveux sont électriques, est-ce normal ? Oui, tout, même rien, est bon pour se poser des questions sur le petit être qui pousse là dedans et se demander si ca va, et surtout se dire que ca ne va pas. Et Attendre.
A part planifier, mais surtout imaginer parce que les Mini-nous ne font que rarement ce qu’on avait prévu : Mini-vous va dormir dans votre chambre (mais il sera ejecté dans la sienne au bout de 8 jours car il fait trop de bruit = MI). Il dormira juste à côté de vous, mais surtout pas dans votre lit (mais comme tous les mini-nous, parfois il ne voudra dormir non pas à côté de vous, mais SUR vous, entouré de VOS bras, ce qui vous empêchera de dormir = MI). Il boira le bon lait de Maman (mais vous craquerez en lui donnant un bib au bout de 3 semaines parce qu’il ne vous lâchera pas les nénés plus de 10 minutes et que vous n’en pourrez plus = MI). Il mangera du fait maison et bio (mais vous lui donnerez un petit pot Bl*dina parce que vous n’aurez pas le temps de cuisiner 2 purées équilibrées par jour = MI). Vous ferez une petite promenade ensemble tous les jours pour prendre le bon air (mais vous serez trop crevée pour faire 3 pas alors vous irez une fois par semaine et c’est déjà bien = MI). Il aura sa Nanny particulière qui lui apprendre le russe et la langue des signes (mais il ira chez Tata gateau avec 5 autres bambins insupportables et apprendra ses premiers gros mots dès l’âge de 2 ans = MI). Et attendre.
A part se retenir de dégainer la carte bleue à la simple vue d’un petit body asboooooolument adorable, d’une poussette méga trop bien en solde à seulement 3 mois de loyer, d’un tapis d’éveil associé aux couleurs de votre salon, d’un tas de jouets bruyants indispensables à l’émerveillement de votre bambin et à l’agacement croissant de vous, parents. Et attendre.
A part se regarder toutes les 3 minutes dans le miroir, de profil, apercevant une bosse qu’on est la seule à voir. Pour s’en assurer, vous prenez des photos toutes les semaines… Heum, tous les jours, dans la même position, à la même heure, pour comparer ce qui ne saute aux yeux de personne sauf aux vôtres. Et attendre. ENFIN ! A la fin de ces 3 premiers mois, l’échographie tant attendue arrive ! A moins de souci particulier, ce sera la première d’une série de 3, à raison d’une échographie par trimestre. Si vous avez de la chance, vous allez apercevoir son petit minois que vous trouverez, évidemment, le plus beau du monde. Sinon vous verrez son dos et ses fesses, qui seront également à croquer de toute manière. Si vous avez de la chance, vous pourrez le voir gigoter, bailler (hé c dur la vie d’un fœtus, c’est que ca pousse dur), attraper son cordon pour faire de la corde à sauter (c’est assez rare) et vous serez attendrie au point de verser une petite larme, voire de chialer comme une madeleine devant la miracle de la vie. Sinon vous le verrez simplement dormir et vous espérerez très fort qu’il en sera toujours ainsi à sa sortie. Vous écouterez le gynéco vous expliquer plein de trucs que vous aurez oublier dès la sortie du cabinet, obnubilée par l’image divine de votre bébé en noir et blanc. Profitez-en, c’est la seule fois que vous le verrez des pieds à la tête, puisqu’il mesure à peine 10cm à ce stade. Mais en gros, à chaque échographie, ce sera le même schéma. Sauf que plus votre trésor sera « grand », plus il vous sera difficile de différencier son pied de son nez. C’est généralement assez incompréhensible sans les explications éclairées de votre médecin, heureusement qu’il est là, lui, des fois. Non parce qu’autant les touchers vaginaux, bof, c’est pas très exaltant, autant les commentaires sur la taille des ventricules du cœur de mini-vous vous paraissent carrément intéressants.
Au 2ème trimestre, ca y est : on se transforme, ca y est : bébé se fait sentir ! Ce sont les meilleurs mois. Les trucs chiants (nausées, fatigue extrême, seins douloureux) disparaissent… Normalement, mais pas toujours. Et les trucs sympas arrivent. Vous allez pouvoir gruger tout le monde à la caisse des supermarchés, ca, c’est le top. Bon il n’y a pas que ca.
Au début de ce trimestre, on pourra peut-être songer que vous avez abusé de la consommation de bière, vu la petite bouée qui flotte vers votre bas-ventre. Armez vous de patiente, il n’y aura bientôt plus aucun doute. Rien ne vous empêche de vous marrer un peu en disant que vous souffrez d’aérophagie, pour la petite touche classe. C’est très personnel. Donc voilà, vous grossissez tranquillement, du ventre, mais aussi du popotin, des cuisses et des joues… Cet air de cochon d’inde vous vaut généralement des remarques du style « oh vous les femmes enceintes, vous êtes toujours resplendissantes». C’est vrai que les cochons d’inde attirent la sympathie, quand on y réfléchit. Ou alors vous êtes chanceuse, seule la bosse prend du volume, de dos vous avez l’air d’un mannequin au cul parfait, et je vous déteste. J’assume parfaitement ma jalousie malsaine.
Mais le gros moment d’émotion, c’est lorsque vous prendrez conscience de la présence physique de votre mini-vous. Difficile de décrire l’effet que cela produit. Des bulles. Des picotements. Des glouglous. Des tous petits coups. Des gargouillis. C’est simple, j’ai mis une semaine avant d’être certaine que c’était bien ca, et non mes intestins qui me jouaient des tours. Car ca peut être très franc et très régulier, ou timide et rare, comme c’était mon cas. Jusqu’à l’instant où, tranquillement installée devant mon ordinateur à la maison, j’ai vu ma petite bosse naissante ondulée. Plus de doute, y’a quelqu’un là dedans qui fait sa gym ! MI ou pas, on fond, les émotions affluent et on a juste envie de caresser cette petite chose qui nous fait signe pour lui montrer qu’on est là, qu’on a bien compris et qu’on l’aime déjà. Mini-vous mettra du temps à se manifester à son Papa, à croire qu’il joue déjà à 1, 2, 3, soleil en ne faisant plus le moindre mouvement dès que son géniteur frole votre bidon. Le coquinou ! Oui enfin pas pour le géniteur, qui grogne que “de toute façon moi tout le monde s’en fout… Même pas capable de dire bonjour alors que c moi qui ait fait tout le travail… M’en fiche, je me lèverais pas la nuit et pis c’est tout”. Jusqu’au jour où il le sentira enfin et changera totalement de discours, devenant neuneu à souhait. “C’est mon tout-petit-bébé-d’amour-à-son-Pôpa-qu’il-est-gentil-gnougnougnougnoun…” C’est choux. Au début. Après c’est gonflant, surtout que chez vous, ledit tout-petit-bébéd’amour fait la java sans cesse alors c’est devenu banal à souhait. Mais faut pas le dire, le Pôpa est content, et s’il est content, vous êtes contente, point. Bon pas hyper contente quand le Papa rentre à 4H du mat’ du boulot, et que les 2 s’amusent comme des petits fous pendant que vous, vous essayez de dormir car vous vous levez dans 3 heures. Les pouffements de Papa, aux anges, qui jouent à cache-cache avec mini-vous vous gonflent, et les coups de pied de toute part de votre progéniture vous agacent. Oh hé, il est 4H là, y’en a qui aimeraient bien dormir ! Si bien qu’ils se prennent des engueulades dans la tronche. Facile la vie : l’un fait ce qu’il veut dans sa piscine et l’autre, personne ne l’embête quand il roupille, vu que lui, il a un corps pour lui tout seul.
Bref, lors du 2ème trimestre, les choses se concrétisent, il y a du changement de toute part, bébé devient réel. Du coup, on peut dépenser tout son compte en banque ainsi que ses économies dans des achats de la plus haute importance.
3ème trimestre. On attend. Oui encore. Ca devient plus compliqué. A part grossir au point de se demander si on ne va pas exploser, il ne se passe pas grand chose. On sait ce que sont les mouvements de bébé auxquels on est bien habituée. On peut même déterminer sa position en le tripottant un peu : ah là c’est le petit cucul ! Oh un petit pied ! Ouille le coup de coude, doucement là dedans ! Ma fille était en position normale : fesses en l’air, tête en bas, papattes sur le côté. J’adorais caresser son petit cul que j’arrivais à sentir parfaitement et jouer avec ses pieds en les gratouillant. Elle y répondait en mettant des petits coups par ici, par là. Je n’ai jamais eu l’esprit de filmer ca, je le regrette aujourd’hui. Voir la forme précise de son peton juste sous ma peau me faisait l’effet d’être tout droit sortie du film “Alien”. Mais je rigolais bien. Le Papa trouvait ca plutôt dégoutant, faisant les gros yeux à la vue de ma peau déformée, se demandant si ca faisait mal. Non, ca ne fait pas mal. Sauf dans les côtes, c’est gênant, mais jamais rien de très douloureux. Sauf si mini-vous s’amuse à vous casser une cote, j’imagine que là, ca ne fait pas du bien.